Exposition In Perceptivo Saint-Martin-d’Hères

Du vendredi 23 septembre au samedi 29 octobre 2016, tous les jours.
Espace Vallès – 14 place de la République
38400 Saint-Martin-d’Hères

From Daedalus to Babel
Virtuoso of photomontage, Philippe Calandre, transforms industrial sites into labyrinthine cities. At the Espace Vallès, he offers a revisiting of the megalomaniac architecture of modern times, a reconsideration of the great myths of ancient architecture.

Tower of Babel, Babylonian astronomical observatory, cyclopean stone walls, Piranesian bridges, the megalithic monument of Stonehenge…The most unreasonable references come to mind in describing the imaginary landscapes of Philippe CALANDRE. Imaginary? Not altogether, because his work utilizes and adds upon photomontage. From views of industrial sites taken by camera the artist creates digital collages on his computer, matching fragments of images and thus recomposing reality at will. He not only makes all human presence disappear, but he multiplies the confusion of hangars, of silos, of chimneys, of beams, of piping, and of flights of stairs, transforming an already complex real into Daedalusian vision and a waking dream. Grandiloquent architectures of vast perspectives, planted in desert spaces, halfway from the prodigious forge of Vulcan and Mount Othrys of the Titans…

“Industrial architecture has no aesthetic constraint, but just the constraints of productivity, explains Philippe CALANDRE. It has more free forms, but more violent ones, because they are designed with only productivity in mind.” Departing from this postulate, the photographer allows us to discover worlds as grandiose as they are rickety, megalopolises menaced by collapse. The fate dealt to architecture struck with the delirium of power (whether they be Stalinesque, Mussolinian, or achieved by the madness of capitalist grandeur) is that of cathedrals, of pyramids, and of mausoleums: that of ruin. There exists a powerful poetic from the uncultivated world of industry. Philippe CALANDRE engulfs himself in this imaginary world: dusty buildings, corroded walls, tarnished windows, etc. A veritable magic results, but a cold magic. The truly monumental formats of these impressions (tied to the extreme care brought to the construction of the photographic montages) leads the visitor to the exhibition to enter through the ground floor and into the image. One experiences, before the photomontages of Philippe CALANDRE, a true feeling of being crushed. And a vertigo that takes hold.
Jean-Louis Roux

À 1400 années-lumière de notre Terre, dans la constellation du Cygne, le télescope spatial de la Nasa a récemment détecté une planète tellurique dont les calculs confirmant son existence ont établi qu’elle tournait autour de son soleil à une distance qui la rendrait habitable. C’est sur cette exoterre baptisée Kepler 452b que Philippe Calandre a situé quelques-unes de ses dernières compositions architecturales. Celles-ci forment des utopies : des non lieux, des nulle part au sens premier du terme. Et pourtant ces chimères procèdent de fragments prélevés au réel. Après avoir longtemps parcouru le globe en photographe, Philippe Calandre a décidé d’organiser désormais de grands voyages immobiles vers les terres ou les cités inconnues que révéleront ses irréprochables photomontages. Puisant ses matériaux de construction dans le stock d’images qu’il a accumulé au cours de ses pérégrinations et reportages, il élabore de très savantes combinaisons où les hybridations fonctionnent à merveille. Comme le héros des Villes invisibles d’Italo Calvino, qui spécule sur « des villes trop vraisemblables pour être vraies », il cherche à faire advenir une réalité augmentée par l’imaginaire. Sa fascination pour les architectures industrielles, dont l’esthétique découle de la nécessité pratique et de l’impératif économique, l’a conduit à concevoir d’étranges complexes usiniers. Hérissés de silos et de cheminées crachotant leurs fumées, parcourus de tuyauteries et d’escaliers inextricables, greffés de passerelles métalliques surplombant des paysages de déserts, ses sites possèdent la beauté des enfers. Personne certainement n’aimerait se rendre avec plaisir sur ces lieux d’obscurs labeurs — ils sont d’ailleurs vides de toute présence humaine —, mais ils envoûtent par la troublante mélancolie qui s’en dégage. Porté par la liberté de création que lui inspire sa méthode, Philippe Calandre en est venu à inventer ses propres formes, et ainsi à dessiner avec la photographie. Les architectures aux développements géométriques qu’il propose dès lors, les monuments et les cités qu’il a édifiés comme des jeux de construction semblent, par la grâce de leurs structures, une manière de nous souhaiter la bienvenue sur sa planète.

J.P.Chambon
(texte tiré du catalogue consacré à l’exposition In Perceptivo de Philippe Calandre édité par l’Espace Vallès, disponible à la galerie en octobre)