Présenter le travail de Philippe Calandre en ouverture de la première saison culturelle à l’Espace Richaud procède d’une double évidence. Les travaux photographiques réunis sous le titre d’Isola Nova sont nés d’une proposition faite par Jean-Michel Wilmotte à l’artiste de créer une nouvelle série pour sa galerie vénitienne. Inviter Philippe Calandre à exposer ces travaux à l’Espace Richaud est donc une forme d’hommage indirect à l’un des artisans de la renaissance d’un lieu emblématique de la Ville de Versailles.
Mais au-delà de l’hommage personnel à Jean-Michel Wilmotte, l’exposition Isola Nova fait aussi écho au sens même du travail qui a présidé à cette renaissance.
Cette dernière repose en effet sur la relation harmonieuse qu’un patrimoine d’exception entretient avec une architecture contemporaine qui le respecte et le prolonge à la fois. Le travail de Philippe Calandre pour Isola Nova procède lui aussi de cette étroite imbrication entre l’ancien et le contemporain. Après plusieurs voyages à Venise, Philippe Calandre a imaginé des îles nouvelles, habitées de grandes structures industrielles mêlées à des fragments d’architecture traditionnelle vénitienne. Cette Venise onirique superpose et mélange les images de la ville historique et celles de sa périphérie, et notamment de sa zone industrielle.
En imbriquant étroitement les deux faces opposées de la ville, l’une connues de tous et l’autre que l’on ne voit généralement pas, Philippe Calandre produit une forme d’énigme atemporelle qui trouvera une résonance toute particulière sous la coupole de l’ancienne chapelle de l’Hôpital Richaud, respectueusement transformée en lieu d’accueil de telles expositions.