« The Prisoner »
Durant ces 20 dernières années, lors de mes différents voyages, j’ai accumulé un grand nombre de photographies contemplatives, avec pour seule ambition de garder en mémoire la particularité de tous ces paysages singuliers.
Mais hélas, je n’ai jamais pu montrer ces images, la photographie purement esthétique n’étant pas pour moi un motif suffisant pouvant justifier une exposition ou l’édition d’un livre photographique…
J’ai donc attendu 20 années avant de doter mes images de pertinence.
C’est dans notre histoire contemporaine que j’ai trouvé la formule la plus appropriée, afin de les montrer affranchies de leur simple code esthétique.
C’est en puisant et combinant deux œuvres d’anticipation : l’une télévisuelle « The Prisoner » 1964 écrite et interprétée par Patrick Mac Goohan et l’autre littéraire tirée du roman « 1984 » de Georges Orwell . que j’ai pu offrir renaissance à mes images.
Il était important pour moi de rendre compte de cette crise sanitaire et sociale contemporaine , et de sortir des poncifs de l’image documentaire, ou faussement humaniste, afin de ne pas céder à la facilité d’un voyeurisme malsain.
Boule et caméra sont les deux accessoires nécessaires avec lesquels j’ai enrichi mes photographies. Ceux-ci perturbent la lecture et déroutent le spectateur, « ce n’est pas lui qui regarde l’image, mais c’est lui qui est regardé par celle-ci ». « Big brother is watching you »
Le second degré et la modestie référentielle me sont apparus essentiels, tel un cocktail photographique combinant d’une part une série TV d’anticipation et un roman de fiction afin de servir et dédramatiser un propos photographique grave, sur fond de crise sanitaire et sociale ou la seule ligne d’horizon possible se profile vers la disparition inéluctable des libertés individuelles.