A ce jour, ne nous le sommes pas un peu tous, en burn-out ?
Si la question du POURQUOI le sommes-nous ne se pose plus tant la réponse semble limpide et surfaite, celle du COMMENT vivons-nous ce cataclysme planétaire est sans doute plus singulière.
Son omniprésence est trompeuse, le paysage n’existe que pour celui qui le voit, l’imagine ou le crée. Loin d’être physique, il est avant tout une construction mentale. Dans ce genre bien particulier, les artistes ici réunis s’abstiennent de toute imitation et jouent chacun à des degrés divers avec la vraisemblance des représentations.
Son atelier, ce sont les villes, qu’il arpente intuitivement en captant aussi bien les édifices historiques, que les friches industrielles ou les symboles contemporains d’une technocratie triomphante. Très vite, la tentation de ramasser les époques et de jongler avec le temps s’est imposée. La réalité de chaque construction photographiée ne pouvant faire entendre ce qui se joue dans la symphonie des édifices,
De l’infiniment grand à l’infiniment petit, des origines du langage et de l’humanité à leurs fins dernières, à quelques ambages des limites des facultés de l’entendement selon Emmanuel Kant, résonnant dans les dialogues du film « Solaris » d’Andreï Tarkovski, ou comme un clin d’œil à Jean-Luc Godard (« Film socialisme ») Soyouz serait aussi, durant les prochains jours, une chaloupe rustique accueillant artistes et poètes….
Assemblez les modules ainsi clonés, disposez ces avatars dans l’espace… Vous obtiendrez un mur criblé de lucarnes formellement identiques, se dressant fièrement vers les cieux. Ou une foule de « réplicants » aux silhouettes désincarnées et rigoureusement similaires, prête à coloniser chaque parcelle de la planète… voire de la galaxie ! Enfin, modelez à votre convenance l’agrégat de matière ainsi produit, peaufinez la mise en scène esquissée, et vous aurez créé vos propres architectures modernistes, vos paysages futuristes et vos scénarios de science-fiction les plus extravagants, à l’instar des œuvres photographiques de Philippe Calandre et de François Ronsiaux.
Les images de Philippe Calandre nous plongent dans des espaces entre réalité et fiction où l’architecture révèle une certaine puissance. L’artiste puise dans le répertoire de ses propres photographies de paysages industriels, pour composer des utopies qui tendent souvent vers de possibles dystopies. Ses séries de photographies composent des récits de science-fiction, nourries de références cinématographiques et littéraires. Le médium photographique est pour lui un outil pour une première étape de travail plastique. Il cherche à s’émanciper peu à peu du cadre et du sujet en combinant des fragments d’images.